
L’œuvre de Beethoven constitua un héritage bien embarrassant pour le XIXe siècle. Comment concilier, en effet, l’aventure formelle de la Neuvième Symphonie et des derniers quatuors, et la subjectivité du romantisme, la transformation du langage harmonique ?
Si certains compositeurs (Chopin, par exemple) l’ignorent ouvertement, ou si d’autres (Mendelssohn ou Brahms notamment) s’en inspirent, la majorité des musiciens préfère l’admirer plutôt que le suivre dans cette aventure. Romain Rolland (1866-1944), auteur de nombreux ouvrages sur Beethoven, écrira : « le XIXe siècle piétine sur les traces de Beethoven ».
Wagner trouvera le point de départ de son drame musical dans la Neuvième Symphonie, œuvre emblématique entre toutes. Peu à peu, le modèle devient symbole, comme très justement dit par le critique et musicologue américain Joseph Kerman (1924-2014) : « Nous vivons dans la vallée de la Neuvième Symphonie – nous n’y pouvons rien ».
Au XXe siècle, époque où le langage musical cesse d’être partagé pour devenir propre à chaque compositeur, ce symbole va s’exprimer à de très nombreuses reprises, sous forme de « citation », d’« objet sonore » de valeur historique, voire politique. En voici quelques exemples.