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Portraits de facteurs d’instruments
Active à Paris de 1742 à 1833 environ, la famille Tourte est la première et sans doute la plus célèbre famille d’archetiers au monde. On lui doit, à la fin du XIXe siècle, le modèle étalon de l’archet moderne. Tourte le jeune porte l’archèterie à un niveau technique et artistique jamais encore égalé : il la hisse au rang de métier d’art.
En 1742, lorsque Nicolas Pierre Tourte dit Tourte père (vers 1700-1764) abandonne son métier de menuisier pour celui de luthier et d’archetier, les archets sont considérés comme de simples accessoires et généralement fabriqués par des apprentis luthiers ou des menuisiers-ébénistes. Tourte père est installé faubourg Saint-Antoine, lieu « privilégié » qui échappe aux contraintes des corporations : un luthier peut y travailler les métaux précieux, et un horloger y fabriquer des archets.
Peu d’archets de sa main sont parvenus jusqu’à nous, mais il s’agit d’archets convexes.
Nicolas Léonard Tourte dit aussi Tourte l’aîné (1745-1807) est l’un des premiers archetiers à temps complet et donne, avec son frère Tourte le jeune, un vrai élan à l’archèterie française. Il fabrique à partir de 1770 des archets de modèle Cramer portant les marques « TOURTE·L » et « AUX 15 VINGT », indiquant qu’il disposait, jusqu’en 1780, d’un atelier dans cette institution. Il s’installe ensuite place de l’Ecole, face à la boutique du luthier Salomon, dont il bénéficie de la clientèle riche et aristocratique.
Ses archets, de belle facture, comportent une baguette ronde, principalement en bois de pernambouc, et une hausse ouverte en ébène.
Proscrit durant la Terreur de 1793 en raison de ses relations avec la noblesse, il voit sa situation sociale et professionnelle péricliter, au contraire de son frère.
François Xavier Tourte dit aussi Tourte le jeune (1748-1835) apprend tout d’abord le métier d’horloger, et fabrique pour son frère des vis, des écrous et des boutons pour ses archets. Vers 1774-1775, Tourte le jeune devient archetier et fait rapidement ses preuves, en travaillant avec des musiciens comme les violonistes Jean-Baptiste Viotti et Rodolphe Kreutzer. Son atelier se situe dans le Cloître Notre-Dame, puis au 10, quai de l’Ecole, près du Pont-au-Change. Avec son frère, il cherche à mettre au point un archet permettant un jeu identique du talon jusqu’à la pointe. En collaboration avec Viotti, il crée la « virole » en métal (aujourd’hui appelée passant), véritable révolution dans l’archèterie, qui permet de répartir le crin en largeur. Souvent surnommé le « Stradivari de l’archet », il est le créateur d’un archet qui servira de référence absolue moderne, ce qui le place au tout premier rang des archetiers de son temps. Son génie tient notamment au fait d’avoir transformé de simples accessoires en œuvres d’art, véritables sculptures de pernambouc.
Charles Tourte dit Tourte. T. (vers 1770-75- avant 1816 ) a probablement commencé un apprentissage d’archèterie auprès de son père, mais n’a pas produit beaucoup d’archets. Ces derniers sont cependant de bonne qualité.
Crédits
Illustration de Marie Declerck d’après la gravure de J. Frey, 1818, reproduite dans l’ouvrage d’Antoine Vidal Les instruments à archets..., édité par J. Calye, 1876, conservé à la documentation du Musée de la musique.
Instruments du Musée
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Antonio Stradivarius luthier célèbre connu sous le nom de Stradivarius précédé de recherches historiques et critiques sur l'origine et les transformations des instruments à archet et suivi d'analyses théoriques sur l'archet et sur François Tourte
François-Joseph FétisFrance / Paris / Europe1856E.987.2.8 -
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Sélection thématique
Livres, revues, dessin technique
Une sélection de documents sur l’histoire et les réalisations de la Famille Tourte consultables à la Médiathèque de la Philharmonie.