Page découverte
- Numéro d'inventaire :
- E.1111
- Facteur :
- Antonio Stradivari (1644 ou 1649-1737)
- Lieu de fabrication :
- Crémone, Italie
- Date de fabrication :
- 1708
Ce Stradivarius - c'est-à-dire ce violon fabriqué par Antonio Stradivari - fait partie de la période de maturité ou « période dorée » (environ 1700-1720) de la production du célèbre luthier.
Sur les 1100 instruments construits par Stradivari et ses fils, environ 650 instruments nous sont parvenus.
Exerçant à une époque où le violon devient soliste, Stradivari produit des violons de formes et dimensions différentes. Celles des instruments de la « période dorée » sont devenues depuis les canons principaux pour la lutherie du violon.
Vue de l'instrument
Extrait musical
L'instrument du Musée de la musique
Histoire
Le « Davidoff » est le premier des cinq violons d’Antonio Stradivari à être entré dans la collection du Musée, en 1887. Son précédent propriétaire, Vladimir Alexandrovitch Davidoff (1816-1886 ), fut général et conseiller privé de l’Empereur de Russie. Violoniste amateur, il était le fils d’Aglaë Angélique de Gramont, qui s’était enfuie de Versailles vers les cours d’Europe de l’Est à la Révolution.
Davidoff vécut à Paris dans les années 1880 et fit examiner son violon par Charles Eugène Gand, le grand luthier parisien de cette époque. Davidoff visita le Musée du Conservatoire en 1885 et lui légua son « beau stradivarius ». L’entrée du violon dans la collection du Musée fut un événement, comme en témoigne la presse de l’époque : « Posséder un stradivarius, tel est le rêve, presque irréalisable, de tout collectionneur et de tout artiste ; […] les conservateurs du musée, avec le maigre budget qui leur est alloué, désespéraient d’arriver à en acquérir jamais un […]. » ( Le Gaulois, 15 mars 1887 ).
Conformément aux volontés du légataire, le violon fut joué lors du Concert de remise des prix du Conservatoire, le 4 août 1887, par le lauréat du premier prix de violon qui était, cette année-là, un certain… Fritz Kreisler, alors âgé de 12 ans ! Augustin Dumay et Pierre Amoyal comptent également parmi les violonistes ayant joué le « Davidoff ».
Description
Comme pour le plus grand nombre des violons anciens, le « Davidoff » a certes été partiellement modifié, aux XVIIIe et XIXe siècles, pour l’adapter aux évolutions des pratiques, contextes et répertoire (manche, touche, etc.). Ses caractères essentiels - la caisse et la tête - font de ce violon un témoignage exceptionnel de la facture de Stradivari : le fond, en une seule pièce d'érable ondé, présente de belles ondes chatoyant dans la lumière. Le vernis, de jaune doré à rouge clair, magnifie le bois du fond, des éclisses et le dessin de la volute.
État de jeu
Son état de jeu est exceptionnel et rare : il est en effet l’unique violon crémonais du Musée de la musique à pouvoir être joué sans risque d'altérer ou de compromettre ses valeurs patrimoniales.
Après sa restauration en 2014, il a été joué par David Grimal, Roland Daugareil, Eiichi Chijiiwa et Théotime Langlois de Swarte.
Portraits de facteurs d'instruments
Antonio Stradivari
Héritier d’une tradition de luthiers crémonais qui domine la profession depuis le milieu du XVIe siècle, Antonio Stradivari est considéré unanimement depuis le XVIIIe siècle comme le plus grand des luthiers.