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Incontournable du Musée
Tambour cylindrique sur pied pahu
Aucune fête religieuse ou nationale n’était complète sans l’accompagnement des pahu (tambours).
(Teuira Henry, 1847-1915, ethnologue tahitienne, Mythes tahitiens).
Ce tambour pahu originaire des îles Marquises aurait appartenu à la reine Pōmaré. Il conserve la mémoire d’une histoire mouvementée qui toucha l’archipel de Polynésie, lorsque la France imposa sa présence au début des années 1840.
Tambour cylindrique sur pied pahu, Anonyme | |
Numéro d’inventaire | E.319 |
Année de fabrication | avant 1847 |
Lieu de fabrication | îles Marquises, Polynésie |
Vue de l’œuvre
Description et usage
Mesurant un mètre soixante-quinze, cet impressionnant pahu est composé d’une seule pièce en bois de cocotier évidée recouverte d’une peau d’animal (probablement de requin) tendue au moyen de lanières finement tressées en bourre de coco et fixées à un anneau enserrant la base du fût, au-dessus du piétement.
Il est possible que le fût ait été entouré de tapa (écorce battue), à l’instar de certains exemplaires conservés dans les collections européennes.
Ces tambours à membrane étaient principalement utilisés dans deux contextes : les plus grands, recouverts d’une peau de raie, étaient placés près d’une plateforme sur laquelle se tenait le batteur lors des cérémonies religieuses sur les mea’e (sites sacrés), tandis que les plus petits, tendus d’une peau de requin, accompagnaient les danses et les chants lors d'événements festifs.
Contexte de collecte et provenance
Au début des années 1840, la France impose sa présence dans l’archipel de Polynésie. La reine Aïmata Pōmare IV (1813-1877), dite Reine Pōmare, est déchue de ses pouvoirs par l’amiral Abel Aubert Dupetit-Thouars (1793-1864), qui annexe les îles Marquises, conformément à la volonté du gouvernement du roi Louis-Philippe. Il établit le protectorat sur les îles du Vent, dont le traité est ratifié par Louis-Philippe en mars 1843.
Sous les ordres de l’amiral Armand Joseph Bruat (1796-1855), nommé gouverneur des Iles Marquises et des établissements de l’Océanie en 1843 et commissaire du roi auprès de la Reine Pōmare, la guerre entre Tahitiens et Français débute en 1844 et s’achève en 1847, par la mise en place d’un protectorat définitif.
C’est dans ce contexte d’annexion que le tambour a été collecté à Tahiti entre 1843 et 1847 et ramené en France par l’amiral Armand Joseph Bruat. D’après l’inventaire établi par Chouquet en 1884, il aurait appartenu à la Reine Pōmare : Grand tambour kanak […] cet instrument a naguère appartenu à la reine Pomare
.
En l’état actuel des recherches, la modalité d’acquisition de ce tambour n’est pas connue. Il pourrait s’agir d’un cadeau de la part de la Reine, qui avait l’habitude d’offrir à ses interlocuteurs européens des présents. Par exemple, la souveraine offre à l’officier de marine Sir Thomas Trigge Thompson une prestigieuse cape de plume hawaiienne, en remerciement de ses services en 1842.
Dans un contexte marqué par les débuts de la colonisation de Tahiti, il pourrait également s’agir d’une saisie de l’objet sans le consentement de la propriétaire. Des recherches sont en cours afin de mieux comprendre les circonstances de son acquisition.
Ayant appartenu à Louis Clapisson (1808-1866), le tambour rejoint le Musée instrumental du Conservatoire lors de l’acquisition par l’État de la collection du musicien, compositeur et collectionneur en 1864.