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Portraits de facteurs d’instruments
Musiciens et facteurs d’instruments à vent de père en fils, les Hotteterre sont les grands acteurs du perfectionnement de la flûte, qu’elle soit à bec ou traversière, pendant tout le XVIIe siècle jusqu’au début du XVIIIe siècle. Grâce aux améliorations apportées par les Hotteterre (justesse, puissance, facilité de jeu), l’instrument sera de plus en plus utilisé en soliste.
Ils se distinguent aussi par leurs talents de musiciens, de pédagogues, de compositeurs et fournissent à la Grande Ecurie du roi Louis XIV de nombreux instrumentistes.
Originaires de la Couture-Boussey, en Normandie, les Hotteterre exercent depuis le XVIe siècle la profession de tourneurs sur bois, dont la région s’est fait une spécialité, avant de se consacrer aux instruments à vent. Parmi les 7 enfants de Loys de Haulteterre (mort vers 1628), deux deviennent célèbres comme facteurs (de hautbois, musettes, flûtes, flageolets, basson) et comme musiciens : Jean (vers 1610-vers 1992) qui s’installe à Paris dans la 1e moitié du XVIIe siècle, bientôt suivi de son frère Nicolas (vers 1615 – 1693).
De la génération suivante, la plus nombreuse, se détache Nicolas dit Colin Hotteterre (1653-1727) et Jacques Martin Hotteterre dit le Romain (1673-1763), connu pour son talent de flûtiste, ses compositions musicales et son traité Principes de la flûte traversière, ou flûte d’Allemagne, de la flûte à bec, ou flûte douce, et du hautbois, divisés par traités (1707).
Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les instrumentistes jouent indistinctement de la flûte à bec, de la flûte traversière et du hautbois. Plusieurs membres des Hotteterre entrent au service du roi Louis XIV comme « dessus de hautbois et musette du Poitou » ou « grand hautbois du roi ». En 1717, Jacques Hotteterre le Romain rachète la charge de flûtiste de la Chambre et se spécialise dans cet instrument.
Les Hotteterre ont non seulement acquis une notoriété en tant que musiciens mais aussi en tant que facteurs et théoriciens des instruments à vent, plus particulièrement des bois. Les instruments parvenus jusqu’à nous témoignent de la beauté, de la qualité de leur facture. C’est à cette fameuse dynastie que l’on doit l’évolution de la construction des flûtes en trois corps permettant notamment de diversifier les sons. Au début du XVIIIe, le Romain divise la flûte traversière en 4 corps et ajoute un septième trou fermé par une clef mobile, ce qui augmente son étendue et sa qualité sonore. En plein essor de la musique instrumentale, la flûte est de plus en plus utilisée en soliste et répond aux exigences de virtuosité de l’esthétique baroque.
Enfin, la famille Hotteterre a su développer des alliances, en contractant différents mariages avec plusieurs autres grandes familles de facteurs d’instruments à vent tels que Buffet, Chédeville, Cornet. Ainsi Louis Hotteterre (1717-1801) a épousé Marie-Anne Lot, membre de l’éminente dynastie Lot. Actif à La couture-Boussey jusqu’en 1801, il est le dernier facteur connu de la famille Hotteterre.
Crédits
Illustration de Marie Declerck d’après la gravure de Bernard Picart extraite de la Méthode pour la musette...par Mr Hotteterre, Imprimerie J-B-Christophe Ballard ; Paris, 1738, conservée à la BNF
Instruments du Musée
Sélection thématique
Livres, revues, dessin technique
Une sélection de documents sur l'histoire et les réalisations de la Famille Hotteterre consultables à la Médiathèque de la Philharmonie.