Si, dans la seconde moitié du XVIIesiècle, Martin Kaiser initie le premier la fabrication à Venise de violons, altos et violoncelles commandés jusque-là principalement à Crémone ou à Brescia, Matteo Goffriller est celui qui ouvre véritablement la voie à l’école vénitienne de lutherie. Sous son impulsion, Francesco Gobetti et Domenico Montagnana, formés dans l’atelier de Goffriller, Carlo Tononi, Petrus Guarnerius, Sanctus Seraphin lui donnent ses lettres de noblesse.
Matteo Goffriller doit sa notoriété à la qualité exceptionnelle de ses violoncelles, déclinés en tailles différentes (au moins quatre). Ils sont notamment reconnaissables à l’élégance et la finesse des volutes sculptées qui terminent les chevilliers. Les modèles les plus larges sont inspirés des instruments de la famille Amati. Ils ont presque tous été réduits en taille pour s’adapter au goût musical et au répertoire du milieu du XVIIIesiècle. Ils sont aujourd’hui particulièrement prisés. Des virtuoses célèbres ont joué sur un instrument de Goffriller notamment le grand violoncelliste Pablo Casals qui a contribué à la réputation du Maître. Ses violons et altos, d’une facture raffinée, sont également recherchés pour la qualité de leur sonorité. Le vernis utilisé par Goffriller, d’un rouge profond, est une des caractéristiques de sa lutherie. Cependant, ses instruments portent rarement l’étiquette de Goffriller et ont été souvent attribués à de grands noms de la lutherie crémonaise, comme celui de Carlo Bergonzi pour ses violoncelles.
Un de ses fils, Francesco Goffriller (1691-avant 1755), devient luthier après avoir reçu un apprentissage auprès de son père. Il part à Udine et y est encore actif en 1737. Il ne reste de lui que peu d’instruments.