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Portraits de facteurs d’instruments
De la centaine de facteurs de pianos en activité à Paris dans les années 1830, l’histoire ne retient souvent que le nom de Pleyel. De fait, ces instruments demeurent très présents dans le monde de la musique. Pourtant, si la maison Pleyel garde une place à part dans les mémoires, c’est vraisemblablement parce que son nom reste indissociable de celui de Frédéric Chopin.
Ignace Pleyel (1757-1831) ne vient à la facture instrumentale que relativement tard puisqu’il a cinquante ans quand il ouvre son atelier. Elève de Joseph Haydn, il a derrière lui une carrière féconde de compositeur et d’interprète mais également d’éditeur et de marchand de pianos. Il décide d’ouvrir son propre atelier de facture à Paris en 1807 qui s’impose très vite comme la grande rivale d’Erard.
Le nom de Pleyel devient en quelques années synonyme de qualité de fabrication et de perfection du timbre. Ses instruments fondent leur réputation sur la douceur du toucher et la facilité de jeu sans besoin « d’alourdir l’exécution ». Ainsi peut-on lire dès 1810 dans les Tablettes de Polymnie : « Dire qu’un instrument sort des ateliers Pleyel, c’est annoncer sa perfection ».
Il semble que les origines viennoises d’Ignace Pleyel aient profondément influencé les choix esthétiques que lui-même et son fils Camille (1788-1855), ont pu faire dans l’élaboration de leurs instruments. Certes, si leur facture s’installe d’emblée dans la tradition anglaise, qui domine alors le marché français, elle garde tout au long du XIXe siècle un caractère particulier, dans lequel, très vraisemblablement, Chopin a su reconnaître les qualités du piano de sa jeunesse polonaise.
La maison Pleyel s’illustrera également dans la facture de harpes, notamment, au tournant du XXe siècle, avec la mise au point de la harpe chromatique. Dans les mêmes années, la firme jouera un rôle important dans la remise au goût du jour du clavecin en fabriquant les instruments de Wanda Landowska.
La firme Pleyel comprendra très tôt l’intérêt d’associer à son nom des compositeurs et interprètes de renom, en programmant notamment ces derniers dans des salles de concert adossées aux ateliers de fabrication ; verront ainsi le jour, en 1830, les salons parisiens de la rue Cadet, ou, quelques années plus tard, ceux de la rue de Rochechouart et, enfin, en 1927, la fameuse salle de la rue du Faubourg Saint-Honoré qui, par son nom, assura la pérennité de la maison Pleyel.
Crédits
Illustrations : Marie Declerck d’après des œuvres du Musée de la musique :- Portrait d’Ignace Pleyel. N° inv. E.2012.10.1
- Portrait de Camille Pleyel. N° inv. E.2012.10.2
et d’après les portraits d’Auguste Wolff et de Gustave Lyon extraits de La salle Pleyel, ill. de P. Renouard et J. Grigny : Librairies-imprimeries réunies, 1883
Texte : Thierry Maniguet, conservateur au Musée de la musique
Incontournables du musée
Piano à queue - Pleyel
Le Piano à queue Pleyel 1842, instrument incontournable des collections du Musée de la Musique. Ardent partisan de la firme dirigée par Camille Pleyel, Chopin joua sur des pianos proches de celui-ci.
Piano vis-à-vis
Le piano double Pleyel 1929, instrument incontournable des collections du Musée de la Musique. Les instruments possédant deux clavier traduisent l’attention portée au répertoire de duos.
Sélection thématique
Livres, revues, dessin technique
Une sélection de documents sur l’histoire et les réalisations de la Maison Pleyel consultables à la Médiathèque de la Philharmonie.
Portrait de facteur d'instrument
Maison Érard
La maison Érard se place au premier plan des facteurs de piano européens, de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle.