Page découverte
Der Freischütz Carl Maria Von Weber
Carte d’identité de l’œuvre : Der Freischütz de Carl Maria von Weber |
|
Genre | opéra : singspiel |
Librettiste | Johann Friedrich Kind, d’après un conte populaire germanique |
Langue du livret | allemand |
Composition | entre 1817 et 1820 |
Création | le 18 juin 1821 au Königliches Schauspielhaus, à Berlin |
Forme | opéra en une ouverture et trois actes |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Naissance du grand opéra allemand
Avant le XIXe siècle, en Allemagne, il n’y avait pas de tradition nationale d’opéra comme en France ou en Italie. Le pays de Bach, de Mozart et de Beethoven marquait un certain retard dans ce domaine. Les productions nationales n’étaient pas capables de rivaliser avec les drames étrangers, extrêmement joués en Allemagne.
Désignant diverses formes d’opéra en langue allemande, le singspiel constitue un élément déterminant dans la naissance du grand opéra allemand. De caractère populaire, il alterne musique et dialogues parlés.
Le génie de Mozart apporte un souffle nouveau au genre avec L’Enlèvement au sérail (1782) et plus particulièrement avec son dernier opéra La Flûte enchantée (1791). Après Fidelio, l’unique opéra de Beethoven, Der Freischütz donne naissance à l’opéra romantique allemand qui atteindra son plein épanouissement avec Wagner.
Un conte fantastique
L’action se situe dans une grande forêt d’Allemagne. Un chasseur nommé Max doit remporter un concours de tir pour obtenir la main de sa bien-aimée Agathe. Kaspar, un chasseur jaloux, s’allie au maléfique Samiel pour mener son rival à sa perte. Au terme de la première épreuve, Max, désespéré de rater tous ses coups, se laisse convaincre par Kaspar d’utiliser des balles magiques pour atteindre la cible sans effort. Pour les fabriquer, il est nécessaire de recourir à des rites interdits de magie noire. De peur de perdre sa belle, Max se laisse prendre au piège…
Le livret abonde de thèmes caractéristiques du romantisme allemand, friand de littérature fantastique : une forêt mystérieuse, un concours de chasseurs, une jeune fille innocente, de la magie noire, des forces surnaturelles… Weber partage les préoccupations des grands poètes romantiques allemands attirés par le rêve et l’irrationnel.
Les personnages et leur voix
- Ottokar, le prince, baryton
- Kuno, garde forestier, basse
- Agathe, fille de Cuno, soprano
- Ännchen, jeune cousine d’Agathe, soprano
- Kaspar, jeune chasseur, basse
- Max, jeune chasseur, ténor
- Samiel, le chasseur noir, rôle parlé
- Moralès, brigadier, baryton
- Un ermite, basse
- Kilian, riche fermier, baryton
- Quatre servantes, sopranos
- Chasseurs, paysans, servantes, courtisans, chœur
L’Ouverture : une « superbe bande annonce »
Weber dirigea lui-même plusieurs fois la seule Ouverture du Freischütz en concert, la qualifiant de « superbe bande-annonce ». Présentant les principaux thèmes, associés à des personnages, elle permet au spectateur de se familiariser avec le drame qui va suivre.
Après une sombre introduction aux cordes, les cors dessinent une douce mélodie évoquant la vie des chasseurs. Au motif inquiétant qui ouvre l’Allegro, avec de terrifiants tutti invoquant l’univers diabolique du ténébreux Samiel, s’oppose le thème de Max, notre héros désespéré, joué délicatement par la clarinette. Puis c’est le thème d’Agathe, plein de légèreté, qui chante l’amour. Si les motifs maléfiques se font encore entendre, un crescendo emmené par le motif d’Agathe mène à l’éclatant triomphe des héros.
Cette partition pleine de contrastes nous emmène progressivement des ténèbres vers l’éclat du jour. Elle démontre toute l’ingéniosité de Weber dans l’art de l’orchestration. Les instruments se voient confier de véritables rôles. Ainsi, pour symboliser la forêt et la vie des chasseurs, Weber fait appel au cor. Quant aux pouvoirs obscurs qui cernent notre héros, ils sont représentés par les couleurs sombres de l’orchestre, faisant appel aux registres graves des instruments à cordes.
Auteur : Jean-Marc Goossens