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Paris et l’oratorio au XXe siècle
Paris
De la Belle Époquepériode historique de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, symbolisée par des progrès économiques, sociaux, technologiques et politiques aux années follesles années 1920, entre la fin de la Première Guerre mondiale et la crise de 1929, Paris est considérée comme la capitale mondiale des arts. Forte de l’effervescence scientifique, technologique et artistique représentée par les Expositions universelles de 1889 et 1900, Paris rayonne sur le monde. Cette attraction se traduit par la venue avant-guerre des artistes espagnols comme Picasso pour la peinture, Granados, de Falla et Albéniz pour la musique. Plus encore, l’arrivée des Ballets russes à partir de 1909 fait de Paris la vitrine du renouveau chorégraphique et musical, comme en témoigne le scandale de la création du Sacre du printemps d’Igor Stravinski en 1913.
Les années 1920 prolongent l’âge d’or : de Montmartrequartier au nord de Paris qui accueille les premiers artistes étrangers à la suite de Picasso à Montparnasseau sud de Paris, qui fut le quartier de la seconde vague d’artistes étrangers, du Bateau-Lavoircité d’artistes à Montmartre à la Rotondeavec Le Dôme et La Coupole, une des brasseries de Montparnasse fréquentées par les artistes, du café-concert au cabaret Le Bœuf sur le toit, Paris découvre le surréalisme, les artistes de l’école de ParisSont regroupés sous cette appellation les artistes étrangers venus à Paris au cours des années 1920, sans notion d’école au sens propre du terme., le jazz, le charleston, Mistinguett et la Revue nègre de Joséphine Baker. Ce lieu de rencontres culturelles qu’est alors Paris, son effervescence difficilement imaginable aujourd’hui, galvanisent la création artistique, toutes esthétiques confondues, et créent un attachement tout particulier pour la ville, comme en témoigne l’indéfectible lien l’unissant à Arthur Honegger.
L'oratorio ressuscité
Le Roi David d’Honegger, « psaume symphonique en trois parties », s’apparente dans sa version remaniée de 1924 à un oratorio. Il s’agit d’un genre dramatique proche de l’opéra mais non destiné à être représenté. Apparu au XVIIe siècle sur les bases de l’opéra naissant qui ne pouvait alors présenter de sujet religieux, l’oratorio voit rapidement son récit confié à un narrateurmais chanté, les chanteursdeux ou plus se concentrant sur le drame, le chœur — très important — commentant et concluant l’action, le tout accompagné par un orchestre. Le XVIIIe siècle représente l’âge d’or de l’oratorio, alors plus proche que jamais de l’opéra et de son expression hautement dramatique : Alessandro Scarlatti, Antonio Vivaldi et Georg Friedrich Haendel œuvrent dans les deux genres avec talent et prolixité. La Passion selon Saint Matthieu de J.S. Bach, Le Messie de Haendel ou La Création de Haydn en sont les exemples les plus fameux.
Au XIXe siècle, l’oratorio, religieux ou profane, apparaît bien austère et strict aux yeux des compositeurs romantiques ; il tombe alors en désuétude, malgré quelques belles réussites : Paulus de Mendelssohn, Le Paradis et la Péri de Schumann, L’Enfance du Christ de Berlioz, Les Béatitudes de César Franck. Toutefois, au début du XXe siècle, l’oratorio réapparaît sous une forme plus ou moins traditionnelle. Cette malléabilité du genre plaît aux compositeurs alliant tradition et modernité, à l’image d’Honegger. S’il n’est pas le premier compositeur à écrire un oratorio au XXe siècle, le succès du Roi David encourage d’autres musiciens comme Stravinski, Schönberg, Orff, Walton, etc., à renouer avec ce genre ancien.
Auteur : Antoine Mignon