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Cithare sur tube "bin" ("rudra-vina")
Anonyme
1650-1683
Bikaner / Rajasthan / Inde / Asie
E.997.24.1
La bin ou rudra-vina est un instrument à cordes pincées. Créée dit-on par le dieu Shiva, elle est devenue au cours des siècles un emblème de la tradition instrumentale indienne. Bien qu’elle soit aujourd’hui toujours auréolée d’une grande considération, elle a pratiquement disparu de la scène musicale.
Du XVe au XVIIIe siècle, la bin est un instrument très prisé au sein des cours princières hindoues et musulmanes. Elle y est le plus souvent jouée dans l’intimité de réunions privées ou en accompagnement du répertoire chanté (dhrupad). Malgré une sonorité et un répertoire exceptionnels, la bin est aujourd’hui tombée en désuétude, éclipsée dans le courant du XIXe siècle par de nouveaux instruments comme le sitar et le sarod.
Elle appartient à la famille des cithares sur tube. Depuis les premiers témoignages iconographiques qui attestent sa présence en Inde à la fin du Ve siècle, la cithare sur tube s’est développée en une riche typologie sur plus d’un millénaire. Au XVIe siècle, la bin se compose d’un long tube de bois ou de bambou, sous lequel sont fixés deux résonateurs faits de courges évidées. Sur le tube sont positionnées de hautes frettes de bois au-dessus desquelles sont tendues quatre cordes mélodiques. De part et d'autre du tube, sont disposées latéralement deux fines cordes rythmiques (chikari) et une corde faisant office de bourdon. Le timbre caractéristique de la bin est en partie dû à son chevalet plat, taillé dans une pièce d'ivoire ou de corne de cervidé et sur lequel reposent les cordes.
Le musicien joue agenouillé. L'instrument est traditionnellement porté en travers de la poitrine, l'un des résonateurs reposant sur l'épaule gauche tandis que l'autre vient se placer dans le giron du musicien. Les cordes mélodiques sont pincées avec deux onglets métalliques fixés sur l'index et le majeur de la main droite.
Vues
Description
- Description
- Le tube et les résonateurs ont été au préalable recouverts d'une sous-couche métallique. Sur celle-ci a été ensuite appliquée une couche d'apprêt sur laquelle a été effectué un remarquable travail de miniaturiste. Les pigments utilisés et la nature du médium donnent aux fleurs une présence et un relief surprenant. Les résonateurs ont été, lors de leur préparation avant l'application de la sous-couche argentée, recouverts par endroit de bandelettes de calicot. Ce détail est d'importance car il semble indiquer que ces deux calebasses ont probablement été choisies pour certaines qualités, en dépit de leurs imperfections de surface. Les bandelettes auraient servi à combler ces irrégularités afin d'uniformiser la surface avant décoration. L'instrument possède 13 hautes frettes polychromes, ornées sur chaque face d'un motif floral. L'emplacement de ces frettes sur le tube est encore marqué de la présence de substance résineuse, mélange de cire d'abeille et de résine végétale utilisé traditionnellement pour fixer les frettes sur le tube.
- Dimensions
- Longueur totale 1140 mm.
- Matériaux
- métal, pigment, résine.
- Décor
- Un vernis aujourd'hui oxydé recouvre le tout. Chaque contour est rehaussé de dorures et la partie supérieure des 2résonateurs, exclusivement décorée à l'or fin avec une extrême finesse, figure un délicat feuillage. Le même motif a été réalisé à la base des résonateurs.
- Notes
- Lieu de création incertain.
- Acquisition
- Achat - 10/1997
- Localisation au Musée
- Espace Musiques du monde
Enregistrements
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Documentation
Livre(s)
- Un musée aux rayons X, dix ans de recherche au service de la musique - Musée de la musique
- Gloire des princes, louange des dieux, patrimoine musical de l'Hindoustan du XIVe au XXe siècle - sous la direction de Joep Bor et Philippe Bruguière
- De la peinture de chevalet à l'instrument de musique, vernis, liants et couleurs, actes du colloque des 6 et 7 mars 2007 - sous la dir. de Stéphane Vaiedelich et Jean-Philippe Echard
- Echos : 100 trésors du Musée de la musique - Textes de Philippe Bruguière, Jean-Philippe Echard, Alexandre Girard-Muscagorry, Christine Laloue, Thierry Maniguet, Marie-Pauline Martin, Stéphane Vaiedelich
- Une vina du XVIIe siècle, reflet de la splendeur moghole - Philippe Bruguière
- Salon indien, mardi 8 février 2022 - Alexandre Girard-Muscagorry
Article(s)
Autre(s) Ressource(s)
- Inde du Nord : gloire des princes, louange des dieux. Exposition du 19 mars au 29 juin 2003, les grands chapitres illustrés de cette exposition temporaire du Musée de la musique, avec sa scénographie, la liste des oeuvres exposées et une bibliographie
- L'Inde du Nord, Une présentation de 5 instruments emblématiques du Musée de la musique d'une part, et l'histoire de la musique de la région d'autre part, illustrée d'images et de son
- Les incontournables du musée : Cithare sur tube « bin » ou « rudra-vina » - Musée de la musique