La régale est apparue vers la fin du XVe siècle en Europe et plus particulièrement en Allemagne où elle est surtout utilisée comme basse continue. Pour cet usage, elle est souvent préférée au clavecin car elle a un son plus fort, particulièrement bienvenu dans une acoustique d’église. En vogue à cette époque en Allemagne, puis en Angleterre sous le règne de Henri VIII, la régale sert alors d’orgue portatif à l’église et est utilisée occasionnellement au théâtre. Elle fait partie intégrante de l’orchestre de l’Orfeo de Monteverdi (1607) où le compositeur accompagne la voix de basse de Charon, aux Enfers, par les sons rauques et nasillards de ce petit orgue. Dès le début du XVIe siècle, elle donne son nom à un jeu d’anches de l’orgue. L’instrument passe de mode au XVIIIe siècle.
La régale a parfois revêtu l’aspect d’une Bible – invention attribuée à Georg Voll, facteur d’orgues installé à Nuremberg au milieu du XVIe siècle. Une fois les soufflets repliés, l’instrument se présentait alors comme une grande bible reliée de cuir. À une époque friande de trompe-l’œil, l’utilisation de papier et de ferrures parachevait l’illusion donnée par ces « Bibles régales ».
Le musicien insuffle l’air en actionnant un soufflet à l’aide d’une pédale. Il met en vibration des lamelles de laiton, ou anches battantes, contenues dans des petits tuyaux. La hauteur de la note obtenue dépend des caractéristiques géométriques de l’anche (longueur, largeur, épaisseur), mais également de la raideur du matériau.