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Histoires d’instruments : la harpe
Selon une légende gréco-romaine, c’est Apollon, qui, charmé du son que rendait l’arc de Diane en se détendant, aurait ajouté plusieurs cordes, donnant ainsi naissance à la harpe. Les récits celtiques nous content des histoires mettant en scène la harpe. L’histoire de Gwion (VIe siècle après Jésus-Christ), par exemple, narre la bataille les Celtes contre les Angles : …Nous ne sommes pas des rois, nous sommes des harpeurs et les gens de notre race sont du royaume de la lune
.
Et cet autre Dagda, Dieu-druide, qui possède trois attributs dont une harpe magique. Au Moyen Âge, l’iconographie de David (d’abord simple berger, puis devenu roi d’Israël) accompagné de sa harpe est abondante.
Dans la mythologie finnoise, Waïnämoïnen invente la harpe et plonge dans l’extase tout être vivant atteint par le charme de cette musique.
Autant de contes, de récits mythologiques, de légendes médiévales qui rendent compte de la valeur symbolique de la harpe, instrument de liaison entre le ciel et la terre.
Histoire de l’instrument
Beowulf, l’épopée anglo-saxonne
Concert enregistré à la Cité de la musique le 31 janvier 2003
Benjamin Bagby, chant, harpe
Originaire d’Asie mineure, la harpe apparaît vers le IIIe millénaire avant Jésus-Christ sous la forme d’une harpe arquée Harpe au manche recourbé puis, en Egypte, aux environs de 1500 ans environ avant Jésus-Christ une terre cuite révèle une harpe angulaire Harpe dont le manche forme un angle avec la caisse de résonance..
La harpe est importée en Europe occidentale jusqu’en Grèce vers le VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Une harpe triangulaire est représentée sur un vase dans le cimetière d’Athènes : une colonne Pièce posée verticalement sur le socle de la harpe et supportant la console. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, elle est évidée dans toute sa longueur pour laisser passer les tringles actionnant les pédales. Sur les harpes celtiques, la colonne est pleine. a été ajoutée pour consolider l’instrument. Elle présente les mêmes caractéristiques que celle retrouvée en Syrie, au Xe siècle avant Jésus-Christ sur le relief de Tell’Ades. Ce qui témoigne de l’échange culturel et commercial entre l’Orient et la Grèce. Pendant tout le Moyen ge occidental (Ve-VIe siècles - XIVe siècle), la harpe ne subit que très peu de modification : elle comporte entre 11 et 31 cordes en boyau, montées d’inégales longueurs jouées à vide. Sa console s’incurve et la colonne se bombe vers l’extérieur. Les harpes romanes, assez trapues puis les harpes gothiques, élégantes, à la colonne plus fine, ornent les manuscrits. Les harpes médiévales sont munies de harpions, Petits crochets en bois fixés à la base des cordes. Ils créent des sons « nasardants » appréciés à la Renaissance. Le mot « harpiste » n’apparait qu’au XVIIe siècle, au moment où disparaissent, sur la harpe, les harpions. Jusque-là on utilisait le terme « harpin », dérivé du verbe grec « harpê » signifiant « action de tirer ». qui servent à modifier le timbre et à renforcer le son.
C’est dans les pays celtiques puis nordiques que l’usage de la harpe devient courant. L’Irlande, au XIIIe siècle, inscrit la harpe triangulaire sur son blason. Légère et de petite taille, la harpe celtique est facilement transportable et devient l’instrument de prédilection des bardes, des poètes musiciens puis des gens de cour. La harpe irlandaise, plus haute,à la colonne fortement incurvée et munie de cordes métalliques est réputée pour la beauté de son timbre.
Mais le langage musical évolue au cours de la Renaissance (XIVe siècle – XVIe siècle): la musique polyphonique s’épanouit dans toute l’Europe occidentale. Resté diatonique, Il y a diatonisme lorsque les sons d’une échelle (ou gamme) musicale donnée se succèdent par mouvement conjoint par ton, sans qu’il n'y ait de demi-tons successifs. (Ex. do/ré/mi). incapable de moduler, l’instrument est concurrencé par le luth, les claviers ou la guitare. Seule, la harpe irlandaise résiste mais disparaît à la fin du XVIIIe siècle pour renaître au début du XXe siècle.
Les luthiers des XVIe et XVIIe siècles ne cessent d’expérimenter et d’inventer des systèmes de chromatisme : harpes à double rangée de cordes (58 cordes), harpes triples Harpe galloise encore jouée de nos jours. Marin Mersenne (1588-1646) la décrit dans son Harmonie universelle (1648). La table d’harmonie est percée d’ouïe en forme de trèfles. La rangée du milieu correspond aux cordes chromatiques et est placée de quinconce pour faciliter le jeu. (78 cordes), harpes à crochets manuels. Il faut attendre la fin du XVII, en 1697, pour que la harpe sorte vraiment de son diatonisme. Un luthier bavarois, Jacob Hochbrucker Né à Donauwöth, ville située en Bavière, Jacob Hochbrucker appartient à une célèbre famille de facteurs d’Allemagne du Sud, à l’origine de l’apparition de la harpe à pédales au début du XVIIIe siècle. Leurs travaux aboutissent à l’invention d’un système de « mécanique à crochets », couplant des sillets mobiles destinés à raccourcir les cordes d’une distance correspondant à un demi-ton, avec des pédales actionnées aux pieds. Cette première invention de harpe à pédales, dite « semi chromatique », sera perfectionnée par la firme Erard au début du XIXe siècle et donnera naissance à la harpe « moderne » (harpe à double mouvement).
Son fils, Christian Hochbruker (1733-1812), harpiste virtuose, il est l’un des premiers compositeurs pour harpe à simple mouvement. Il joue ses propres œuvres au Concert Spirituel. Il est maître de harpe, notamment auprès de Jean Baptise Krumpholtz (1747-1790) et de la reine Marie-Antoinette de 1781 à 1792. (1673-vers 1763), a l’idée géniale d’utiliser les pieds du harpiste pour modifier l’accord de la harpe. Il crée la première harpe à pédales qui ouvre la voie à la harpe « moderne ».
Valse des fleurs, extrait de Casse-Noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 28 novembre 2015
La harpe appartient à la famille des cordes pincées même si certains pédagogues préfèrent utiliser le terme de « tirer » les cordes pour les mettre en vibration.
Jusqu’au XVIe siècle, le mot désigne indistinctement harpe, luth et lyre. Une des caractéristiques propres à l’instrument (et qui le distingue des lyres) est la disposition du plan des cordes, toujours perpendiculaires à celui de la table d’harmonie.
Connue depuis l’Antiquité, la harpe adopte en occident la forme d’un triangle composé de la caisse de résonance, Corps sonore de l’instrument formant une cavité et supportant la table d’harmonie. C’est « l’enceinte acoustique » de l’instrument. la console et un pilier, la « colonne ». Elle se décline en plusieurs modèles.
La harpe de concert (ou d’orchestre) « classique » est constituée d’un cadre métallique.
- . La caisse de résonance, en érable, est percée d’ouïes sur sa face bombée pour laisser passer le son.
- . La table d’harmonie, en épicéa, s’élargit vers sa base. Sur les modèles les plus luxueux, les tables s’ornent de décors peints à la main.
- . La colonne supporte la tension des cordes. Sur une harpe de concert, les cordes (46 ou 47 selon les modèles) exercent une pression d’environ deux tonnes et demie. Sa tessiture, de 6 octaves et demie, est la plus importante des instruments après celles de l’orgue et du piano. Les cordes de couleur, rouge pour les do, noir ou bleu pour les fa, permettent de se repérer plus facilement.
- . Le socle (ou cuvette) reçoit les pieds, la colonne et les pédales.
- . 7 pédales De gauche à droite, elles correspondent aux notes ré, do, si, mi, fa, sol, la. 3 pédales sont réservées au pied gauche, les 4 autres au pied droit. modifient les 7 notes de la gamme sur toutes les octaves. La harpe est ainsi qualifiée « à double mouvement » et facilite le jeu chromatique Il y a chromatisme lorsque les sons d’une échelle (ou gamme) musicale donnée se succèdent par demi-tons conjoints vers l’aigu (dièse = do/do dièse/ré) ou vers le grave ( bémols = sol/solbémol/fa).
- . Des tringles (reliées aux pédales) passent par la colonne et dirigent un mécanisme complexe « à fourchettes », logé dans la console.
Il existe un modèle dit « harpe d’étude » qui diffère de la harpe de concert par la forme de sa table d’harmonie et le nombre de cordes (entre 40 et 46).
La harpe baroque est aussi grande (environ 1m90) mais plus légère que la harpe « classique ». Ses trois rangées de cordes (89) permettent de jouer toutes les notes.
La harpe celtique, expression d’une culture irlandaise, écossaise et plus tardivement bretonne, est plus petite (environ 90cm). Munie de 32 à 38 cordes, elle est reconnaissable à sa colonne arquée. L’instrument, diatonique, couvre une étendue de 4 octaves et 1 note. Des taquets (ou palettes ou leviers), fixés sous les chevilles de la console, peuvent néanmoins modifier la hauteur d’un demi-ton. Elle est parfois utilisée de nos jours comme instrument d’étude.
Musikalische Rüstkammer auff der Harfe
Concert enregistré à la Cité de la musique le 16 septembre 2011
Sandrine Chatron, harpe Hochbrücker 1728 (collection Musée de la musique)
La harpe ne connaît son réel développement qu’au début du XVIIIe siècle : de diatonique, elle devient chromatique afin de répondre aux exigences du répertoire.
Cette évolution se fait en deux temps : l'apparition de la harpe à simple mouvement (des années 1720 aux années 1800) qu’on pourrait appeler « semi-chromatique », puis l’invention par Sébastien Erard de la harpe à double mouvement Mécanisme inventé par Sébastien Erard et brevetée à Paris en 1811 comprenant 7 pédales. Chaque pédale est munie de 3 crans qui permettent à l’instrumentiste, en les actionnant tour à tour avec son pied, de jouer soit la note naturelle (par exemple ré), soit le demi-ton au-dessus (ré dièse) ou le demi- ton au-dessous (ré bémol).Ce système permet à l’instrumentiste de jouer toutes les notes de la gamme chromatique sans s’arrêter de jouer des deux mains. qui devient pleinement chromatique. En 1728, un luthier bavarois Jacob Hochbrucker (1673-vers 1763) présente à la cour de Vienne une invention capitale, laquelle est accueillie à Paris en 1749 : la première harpe à pédales. Elle comporte dorénavant 7 pédales (une par note) dont le mouvement est transmis, par l’intermédiaire de triangles logés dans la colonne, à des mécaniques à crochets qui raccourcissent toutes les cordes de la longueur équivalente à un demi-ton. La harpe est alors accordée en bémols et l’action des crochets permet d’atteindre les bécarres, mais pas les dièses.
Vers 1780, les luthiers Cousineau mettent au point la mécanique à béquilles qui pincent la corde sans que celle-ci ne sorte de son plan initial. Mais ce nouveau système entraîne souvent la rupture de la corde. Ils tentent alors une amélioration grâce à un système de chevilles tournantes.
Sébastien Erard (1752-1831) brevète en 1794 le système à fourchettes qui a l’avantage de laisser la corde parfaitement parallèle aux autres cordes et libres de tout mouvement latéral dans le plan vertical.
C’est encore Sébastien Erard qui apporte en 1811 le dernier perfectionnement à l’instrument, qui n’a guère évolué depuis : le double mouvement. Ce système permet à chaque corde de subir deux altérations Désigne le dièse (#) ou le bémol (b) ajouté devant la note pour modifier (ou altérer) le son vers l’aigu (#) ou vers le grave (b) (dièse et bémol) : la harpe moderne est née. Depuis, la conception actuelle de la harpe n’a pratiquement pas bougé. Les progrès technologiques, l’apparition de nouveaux matériaux au XXe siècle ont permis néanmoins une amélioration notable de l’instrument et une standardisation d’un produit artisanal.
Les entreprises Lyon-Healy Grande entreprise américaine de vente et de fabrication d’instruments. A la fin du XIXe siècle, les harpes européennes sont importées aux Etats-Unis chez Lyon-Healy. Mais la mauvaise qualité du bois dont elles sont faites ne permet pas de les conserver durablement. Pour pallier ce défaut, l’entreprise décide de fabriquer ses propres harpes en améliorant le modèle européen. C’est ainsi qu’apparaissent différents styles de harpes. et Salvi concourent à la maîtrise de la fabrication : fiabilité, justesse, mécanique, vieillissement de l’instrument ont été améliorées et permettent l’exportation des harpes sous tous les climats et tous les continents.
La lutherie électrique, électroacoustique et numérique n’a pas délaissé ce type d’instrument. Salvi et Camac commercialisent des harpes électriques et numériques. La petite harpe celtique a conquis la musique pop-rock et s’est aussi amplifiée.
Concerto pour harpe et orchestre no 5 op. 7 en si bémol majeur
Concert enregistré à la Cité de la musique le 21 novembre 2016
Jean-Baptiste Krumpholtz, Xavier de Maistre, harpe
Paris est devenu un centre de facture célèbre et attractif avec l’arrivée en France en 1770 de Marie-Antoinette (1755-1793), future Reine de France et elle-même harpiste. Elle incite la cour à suivre son penchant pour l’instrument qui devient indissociable de l’engouement des français pour le genre de la romance. D’origine espagnole, elle désigne une œuvre instrumentale ou chantée, souvent populaire, dont la mélodie simple est propre à attendrir l’auditeur. Elle est en vogue surtout en France au XVIIe siècle jusqu’au XIXe siècle et prend le sens général de « chanson sentimentales ».
Dans la capitale, de nombreux facteurs parisiens (les frères Louvet, Renault & Chatelain, Cousineau père & fils, Naderman) côtoient plusieurs facteurs originaires d’Allemagne (Krupp, Godefroy, Henry, Jean Baptiste Holtzman, Zimmermann). Une soixantaine de professeurs est recensée pour l’année 1784.
La facture des harpes à l’époque de Louis XVI atteint un raffinement jamais égalé, reflet de sa clientèle aristocratique : consoles terminées par de volutes somptueusement décorées, colonnes ouvragées, tables d’harmonie décorées de bouquets, guirlandes et scènes peintes. A côté d’instruments de prestige réservés à l’aristocratie et dont les prix atteignent des sommets (une harpe peut être plus coûteuse qu’un clavecin à deux claviers), on trouve aussi des instruments plus simples sans doute destinés à des gens moins fortunés (dont les musiciens eux-mêmes). Mais seules les harpes ornées de beaux décors ont été conservées.
Si le nom de Marie-Antoinette est indissociable de l’histoire de la Harpe en France, une autre femme joue un rôle non négligeable : Mademoiselle de Saint Aubain, qui prend le nom de Comtesse de Genlis en 1764, après son mariage avec le marquis de Sillery, Comte de Genlis. Devenue elle-même maître de harpe, Madame de Genlis a découvert la harpe dans le salon parisien d’Alexandre Jean-Joseph Le Riche de La Pouplinière. Comme Beaumarchais (1732-1799), elle a pour maître le célèbre virtuose Georges Adam Goepfert.
Parmi les nombreux salons aristocratiques et bourgeois qui se développent au cours du XVIIIe siècle, lieux propices aux concerts privés, celui de La Pouplinière se distingue par son intense activité artistique. Il emploie notamment deux harpistes germaniques.
C’est également au Concert Spirituel que le public français peut entendre des virtuoses de la harpe, notamment Christian Hochbrucker et Philippe-Jacques Meyer (1737- 1819).
La littérature pour harpe est extrêmement abondante dans les années 1780 où les airs d’opéras à la mode sont commercialisés sous la forme d’arrangements. Plusieurs grands harpistes ont laissé des œuvres qui appartiennent toujours au répertoire : outre Christian Hochbrucker et Philippe-Jacques Meyer, auteur de la première méthode de harpe en 1763, Jean-Baptiste Krumpholtz joue un rôle important dans l’évolution de l’écriture pour harpe, mais aussi Francesco Petrini (1744-1819) ainsi que Jacques Georges Cousineau (1760-1824), fils de Georges et Jean François Joseph Naderman (1781-1835), fils de Jean Henri.
Au tournant du siècle, la vogue pour la poésie ossianique de James Macpherson et pour l’Arioste renouvelle l’intérêt en faveur de la harpe, évocatrice de l’Antiquité celte et porteuse d’un certain exotisme du Nord. Sous l’Empire, Jean-François Le Sueur introduit douze harpes dans une romance de son opéra Ossian ou les Bardes (1804) et Etienne-Nicolas Méhul emploie l’instrument dans son ouverture romantique d’Uthal (1806). Adrien Boieldieu compose en 1800 un Concerto pour harpe.
Danses pour harpe et orchestre à cordes
Concert enregistré à la Cité de la musique le 30 janvier 2007
Claude Debussy, Constance Luzzati, harpe
Jusqu’au milieu du XVIIIe, beaucoup d’œuvres portent la mention « clavecin ou harpe » de sorte qu’il est délicat de parler de « répertoire pour harpe » pour les transcriptions ou les pièces à caractères pédagogiques.
A partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la harpe connaît une vogue croissante. Elle s’épanouit d’abord en solo au sein des salons que tiennent les grands de la noblesse et de la finance, accompagne la voix, puis rivalise avec les claviers, la flûte ou le violon dans la musique de chambre.
Le répertoire de la harpe est encore destiné à un instrument à simple mouvement auquel Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) consacre une pièce en trois mouvements (Solo, 1762). De même, Mozart (1756-1791), de passage à Paris, écrit pour Melle de Guînes, célèbre harpiste, son Concerto pour flûte et harpe k 299 (1778).
Mais les contributions principales reviennent aux grands harpistes de l’époque, notamment le plus célèbre d’entre eux, Jean Baptiste Krumpholtz (1742-1790), qui est également à l’origine de divers aménagements apportés à la harpe. Comme Mozart, il dédicace son recueil de Douze préludes et petits airs, opus 2 à Mlle de Guînes. Johann Ludwig Dussek (1760-1812) et Louis Spohr (1784-1859) ont également laissé des œuvres importantes, inscrites au répertoire de la harpe.
Au XIXe siècle, les qualités incontestables de la harpe à fourchettes et à double mouvement d’Erard lui permettent de s’intégrer plus systématiquement à l’orchestre. Hector Berlioz (1803-1869) introduit des parties de harpes dans sa Symphonie fantastique (1830) et dans Harold en Italie (1824). Richard Wagner (1813-1883), Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) dans Le Lac des cygnes ou Gustav Mahler (1860-1911) la traitent comme un instrument à part entière de l’orchestre symphonique.
Parallèlement, la virtuosité du répertoire soliste est illustrée par la production du compositeur et harpiste Elias Parish-Alvars (1808-1849).
Les compositeurs français du XXe siècle s’attachent à explorer les timbres de l’instrument. C’est dans la musique de chambre, principalement française, que le répertoire pour harpe s’enrichit. Claude Debussy (1862-1918), écrit ses Deux danses pour harpe et orchestre à cordes (1904) pour la harpe chromatique inventée par la maison Pleyel, puis la Sonate pour flûte, alto et harpe (1915) ; Maurice Ravel (1875-1937), Introduction et allegro pour harpe (1906), Albert Roussel (1869-1937), Joueurs de flûte (1924) et Jean-Michel Damase (1928-) lui consacrent des œuvres solidement ancrés au répertoire.
Dans les années 1970, en France, le renouveau de la musique celtique favorise la redécouverte de la harpe irlandaise. Le chanteur breton Alan Stivell (1944-) remporte un vif succès à la sortie de son album Renaissance de la harpe celtique (1971), dans lequel il joue sur une harpe amplifiée. Ce modèle s’intègre aussi dans les musiques contemporaines, pop-rock et jazz.