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Histoires d’instruments : le saxophone
Pur produit du XIXe siècle, riche en inventions et expérimentations, le saxophone a su s’imposer dans le paysage instrumental. Il a séduit un large public, s’est emparé de tous les styles de musique et a bénéficié des avancées technologiques, notamment de la norme MIDI. C’est désormais l’un des instruments les plus pratiqués par les amateurs, notamment en jazz. Adolphe Sax n’avait pas imaginé un tel succès puisqu’il faut attendre 1942 pour que soit ouverte la première classe de saxophone au Conservatoire de musique de Paris.
Histoire de l’instrument
Marche, extrait des Scènes pittoresques
Marche, extrait des Scènes pittoresques, Jules Massenet, arrangement de Louis Millet pour saxophones et saxhorns, Lauréats et étudiants du Conservatoire
Facteur et inventeur d’instruments, Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax, incarne parfaitement l’esprit d’entreprise du XIXe siècle. Il est l’une des figures les plus marquantes de la facture des instruments à vent de ce siècle.
Né à Dinant (Belgique) en 1814, Adolphe Sax s’initie à la facture instrumentale dès son plus jeune âge auprès de son père, Charles Joseph Sax Menuisier et ébéniste de formation, Charles Joseph est un autodidacte de la facture instrumentale. Il quitte Dinant pour s’établir à Bruxelles où il fonde, dans les années 1815-1816, une fabrique d’instruments de musique au 1344 rue de l’Evêque. Il s’intéresse à la fabrication des flûtes et des serpents, puis des clarinettes et des bassons, ainsi qu’aux instruments à cordes et aux pianos. Mais ses instruments de prédilection sont les instruments à vent, dont il cherche sans relâche à améliorer la facture.
Douze brevets sont déposés entre 1825 et 1852, relatifs aux perfectionnements apportés au cor (invention du cor omnitonique), à la harpe à clavier, aux lyres, à la guitare, au piano. Il élabore une nouvelle théorie acoustique sur la division de la colonne d’air, d’après laquelle il fabrique une flûte et un basson : tous les sons sonnent également juste. A l’Exposition nationale de 1835, Charles Joseph Sax est considéré comme le premier facteur d’instruments à vent d’Europe. De ses onze enfants, le plus célèbre est sans aucun doute Adolphe Sax. (1790-1865). Alors qu’Adolphe Sax fait ses premiers pas à Bruxelles, il vient à Paris pour présenter ses instruments à Hector Berlioz et François Antoine Habeneck, chef d’orchestre. Devant un accueil élogieux, notamment celui réservé au saxophone, il s’installe définitivement à Paris en 1842.
Héritier de l’esprit inventif de son père, Adolphe cherche inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en améliore la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu (il dépose 33 brevets) et révolutionne le monde des instruments à vent.
Il obtient de nombreuses médailles et diplômes aux expositions de l’Industrie française et plus tard aux Expositions universelles, reçoit la légion d’honneur et acquiert le titre de directeur de la musique particulière de l’empereur Napoléon III.
La réorganisation complète des musiques régimentaires C’est à Louis XIV et à l’intérêt qu’il portait aux défilés militaires que l’on doit une réglementation précise de l’usage des instruments de musique dans les armées. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, la musique militaire est ainsi configurée : les fifres et les tambours pour l’infanterie, les trompettes et les timbales pour la cavalerie, les hautbois pour la compagnie des mousquetaires. La clarinette et le cor sont intégrés aux troupes sous le règne de Louis XV et supplantent les hautbois.
À la fin des années 1830, les nouveaux instruments en cuivre ont remplacé en partie les instruments en bois partout en Europe. En France, cette réforme se traduit en 1845 par une réorganisation complète des « musiques régimentaires » et l’adoption par l’armée des instruments inventés par Adolphe Sax (saxhorns, saxophones, saxotrombas) ou d’instruments munis de son système (clarinettes basses, trombones et trompettes à trois cylindres).
Au lendemain de la défaite de 1870, les orchestres militaires manquent d’être supprimés dans la grande réorganisation des armées, mais les sociétés orphéoniques prennent la relève. et l’adoption par l’armée, en 1845, des instruments de son invention (saxhorns,C’est en fait le nom que les musiciens donnèrent au bugle, à perce conique large, muni de pistons, que Sax perfectionne en 1843, breveté sous le nom de nouveau système d’instruments « chromatiques » : un piston compensateur permet les sons glissés. De plus, un dessin plus fluide des tubes additionnels permet une meilleure homogénéité de timbre sur toute la tessiture. Comme pour les saxophones, Adolphe Sax organise les saxhorns en famille complète. Ils sont encore régulièrement employés dans les orchestres de cuivre. Dans les orchestres anglo-saxons, ils prennent le nom d’euphonium, instrument qui ne diffère du saxhorn que par la position de la branche d’embouchure. saxophones, saxotrombas),Breveté en octobre 1845, ce cuivre à embouchure, muni de 3 ou 4 pistons, est nouveau dans sa forme, étudiée pour que les musiciens dans les musiques militaires puissent jouer aisément en marche ou à cheval. Il se porte à gauche et le pavillon dirige le son au-dessus de la tête de l’instrumentiste. Adolphe Sax adapte ce système aux saxhorns, trompettes et cornets. placent Sax en position de monopole.
Personnage aux multiples facettes, il est aussi éditeur de musique, rédacteur d’une méthode de saxhorn, professeur de saxophone (il enseigne aux élèves militaires dans les locaux du Conservatoire à partir de 1857), organisateur de concerts, chef de fanfare de l’Opéra. Sa personnalité hors du commun suscite des jalousies et Adolphe est en butte à de multiples vexations et calomnies. De nombreux procès lui sont intentés ; plusieurs faillites l’affaiblissent, dans une conjoncture défavorable (la Révolution de 1848 et la guerre de 1870). Sax attaque lui-même certains facteurs pour contrefaçon (dont Pierre Louis Gautrot à propos du sarrusophone).
Les fils d’Adolphe Sax continuent d’exploiter pendant quelques temps l’usine paternelle. En 1928, la célèbre Maison SelmerFondée en 1885 par Henri Selmer, clarinettiste, la Maison Selmer s’est d’abord spécialisée dans la fabrication d’anches et de clarinettes. Elle commence à produire des saxophones à partir de 1920, avant de racheter les ateliers Sax de la rue Myrha (à Paris) en 1928, puis la manufacture de clarinettes Millerau en 1931. L’entreprise Selmer participe à l’amélioration de la fabrication des saxophones, ce qui lui vaut de conquérir le marché américain et de s’imposer en Europe. reprend les affaires de la société « Adolphe Sax et Cie ».
Variations faciles et brillantes
Variations faciles et brillantes, Jean-Georges Kastner, Claude Delangle, saxophone solo
Le saxophone est sans conteste l’instrument de musique qui a rendu célèbre dans le monde entier son inventeur, Adolphe Sax. Celui-ci commence ses premières recherches entre 1838 et 1840, sans doute en essayant de perfectionner la clarinette basse.La clarinette basse, en si bémol, apparaît au cours des années 1790 dans les ateliers d’Augustin et Heinrich Grenser à Dresde. D’abord employée en remplacement des bassons dans les ensembles militaires, elle est introduite dans l’orchestre symphonique par Giacomo Meyerbeer (Les Huguenots, 1836).
Pour ne rien divulguer de l’invention dont il déposera le brevet le 21 mars 1846, c’est derrière un rideau qu’elle est présentée en 1841 au jury de l’Exposition de l’industrie belge : le saxophon (ainsi appelé au début) est né.
L’année suivante, à Paris, il présente son instrument à Hector Berlioz qui loue sa sonorité dans le Journal des Débats du 12 juin 1842 : Elle est de telle nature que je ne connais pas un instrument actuellement en usage qui puisse, sous ce rapport, lui être comparé. C’est plein, moelleux, vibrant, d’une force énorme, et susceptible d’être adouci
. Grâce à cet éloge et à celui de François Antoine Habeneck (chef d’orchestre de l’opéra de Paris), Sax est propulsé dans le monde musical parisien. C’est à Paris, où il établit une fabrique d’instruments de musique en juillet 1843, qu’il va mettre au point la famille complète des saxophones : le sopranino, le soprano, l’alto, le ténor, le baryton, la basse et la contrebasse.
Adolphe Sax est l’un des premiers à s’opposer à l’idée que le matériau utilisé joue un rôle primordial dans la sonorité d’un instrument. Il met au premier plan les proportions données à la colonne d’air, donc au tube (surtout au diamètre de la perce et à sa conicité plutôt qu’à la forme de l’enroulement). Cette constatation acoustique fondamentale est à la base de ses travaux et de leur réussite.
Sax retient l’idée du système de production des vibrations de la clarinette qu’il adapte à un instrument en cuivre, au départ de perce parabolique,Forme intérieure du tube des instruments à vent. muni d’un « becEmbouchure en forme de bec de certains instruments à vent.
1. Bocal
2.Bec
3.Corps
4.Pavillon
5.Culasse à anche simple Fine languette (en roseau, laiton, argent ou paille) dont les mouvements vibratoires sont à la base du principe sonore de certains instruments à vent. Elle peut être simple ou double, battante ou libre. dont l’intérieur très évasé va en se rétrécissant à la partie qui vient s’adapter au corps de l’instrument » (brevet du 21 mars 1846).
Sextuor de saxophones, en sol majeur
Sextuor de saxophones, en sol majeur, Jean-Georges Kastner, Grégory Letombe, Olivier Piot, saxophones soprano, Anne Lecapelain, saxophone alto, Christophe Boidin, Shïro Hatae, saxophones baryton, Catherine Courtemanche, saxophone basse
Le saxophone est un instrument d’une facture assez complexe et non une simple adaptation d’un bec de clarinette sur un tube de perce conique.
Il appartient à la famille des bois (comme la clarinette) bien qu’il soit fabriqué en alliage souvent nickelé, argenté ou doré.
L’instrument, de perce conique, est composé de trois parties soudées, le corps, la culasse Partie inférieure et coudée de l’instrument, absente sur les saxophones soprano et sopranino puisqu’ils sont droits.
1. Bocal
2.Bec
3.Corps
4.Pavillon
5.Culasse et le pavillon,Extrémité évasée du tube de certains instruments à vent.
1. Bocal
2.Bec
3.Corps
4.Pavillon
5.Culasse sur lesquelles viennent se fixer le bocalTube de métal recourbé dans lequel vient se fixer l’anche, l’embouchure ou le bec de certains instruments à vent.
1. Bocal
2.Bec
3.Corps
4.Pavillon
5.Culasse et le bec, ce dernier supportant l’anche simple. Des clefsDans un instrument à vent, mécanisme qui permet de contrôler à distance l’ouverture ou la fermeture d’un trou de jeu. (au nombre de 19 à 22 selon les membres de la famille) commandent l’ouverture et la fermeture des trous latéraux percés sur le corps. Le doigtéChoix et jeu des doigts dans l’exécution d’un morceau.(Définition du Petit Robert) du saxophone est une combinaison de ceux de la flûte et de la clarinette.
Après son installation à Paris en 1842, Sax crée une famille de saxophones qu’il divise en deux branches distinctes : les saxophones accordés en mi bémol et en si bémol destinés aux orchestres militaires, et ceux en fa et en do pour intégrer l’orchestre symphonique. Ces derniers déclinent au profit des premiers.
La famille reste donc composée de sept membres, dont deux ont un corps droit (sopranino et soprano), les autres ayant un pavillon recourbé vers le haut et un bocal coudé :
- . le sopranino mi bémol : le plus aigu, rarement utilisé et uniquement dans les orchestres d’harmonie. Il a la tessiture de la petite clarinette ;
- le soprano si bémol : il sonne comme une clarinette, une quarte en dessous. Il tient le rôle du premier violon dans le quatuor ;
- . le saxophone alto mi bémol : le plus utilisé dans l’orchestre, il sonne une quinte en dessous. Il tient le rôle du second violon dans le quatuor ;
- . le saxophone ténor si bémol : une quarte en dessous, il sonne comme une clarinette basse. Il a le rôle de l’alto dans le quatuor ;
- . le saxophone baryton mi bémol : il sonne une quinte en dessous ;
- . le saxophone basse si bémol : il sonne une quarte plus bas ;
- . le saxophone contrebasse mi bémol : il sonne une quinte en dessous. Il est rarement utilisé.
L’engouement de la part des musiciens de jazz pour le saxophone dans les années 1920 et son maintien dans les harmoniesOrchestre composé des bois (clarinette, flûtes, saxophones, bassons), des cuivres (cors, trompettes, trombones, tubas, saxhorns) et des instruments à percussion. et les fanfaresOrchestre composé de cuivres (cors, trompettes, trombones, tubas, saxhorns) accompagnés très souvent d’instruments à percussion. incitent d’autres maisons célèbres dans la facture des instruments à vent à se lancer dans sa fabrication. Le cadre européen de sa facture est vite dépassé : les anciennes Maisons Buffet-Crampon, Millereau, Gautrot,Créée par Pierre Louis Gautrot, associé en 1835 à Guichard, la Maison Gautrot est réputée pour être, en 1846, la plus importante fabrique d’instruments à vent (cornets, trombones, ophicléides...) en Europe. Selmer, Couesnon, déjà présentes à la fin du XIXe siècle, sont concurrencées par des marques nouvelles internationales : Adler, Huller (Allemagne), Yamaha(Japon), travaillent à améliorer les compétences de l’ensemble de la famille des saxophones : leur étendue est augmentée, la justesse est améliorée et leur mécanisme perfectionné. Le saxophone répond désormais aux exigences des musiciens et des compositeurs pour tous les styles de musique.
Chant sacré, extrait de 9 mélodies irlandaises
Chant sacré, extrait de 9 mélodies irlandaises, Hector Berlioz, transcription pour 12 saxophones par Jean-Marie Londeix, Hector Berlioz, Lauréats et étudiants du Conservatoire de Paris
La présentation au public de produits manufacturés à des fins commerciales connaît au XIXe siècle une évolution sans précédent : une nouvelle ère industrielle célèbre le progrès bienfaiteur. D’abord nationales, les expositions deviennent « universelles » vers le milieu du siècle ; la France en accueille cinq (1855, 1867, 1878, 1889 et 1900). Elles décernent des prix dans toutes les branches de l’industrie et de l’artisanat.
Pour les fabricants et les manufacturiers, c’est un moyen des plus efficaces de faire connaître leurs produits : un public nombreux s’y presse, les journaux s’emparent de l’événement, un rapport officiel rend compte de chaque exposition.
Les instruments de musique occupent une place de choix et la compétition entre facteurs se traduit par la multiplication des inventions, afin de conquérir une part de marché toujours plus importante : en France, au XIXe siècle, plus de 4000 brevets consacrés aux instruments de musique ont été enregistrés. De nouveaux instruments voient le jour : l’accordéon, l’harmonium, le saxophone...
Adolphe Sax expose pour la première fois à Paris des clarinettes, des flûtes, des cors et des bugles perfectionnés, à l’Exposition des produits de l’Industrie française de 1844. Le jury lui décerne une médaille d’argent. C’est en 1849, à Paris, qu’il présente au public ses familles nouvelles de saxotrombas et saxhorns. Il obtient la médaille d’or. Il participe également à la première Exposition universelle en 1851, à Londres, puis à celles de Paris en 1855 et 1867 où il remporte le seul Grand Prix décerné à la facture instrumentale.
In a sentimental mood
In a sentimental mood, Duke Ellington, Dave Liebman, saxophone
Georges KastnerCompositeur et théoricien, Georges Kastner est un grand érudit : il a acquis un immense savoir dans différents domaines artistiques et scientifiques. Il s’est particulièrement intéressé aux instruments à vent, tant du point de vue musical qu’organologique. Ses deux compositions pour saxhorn et la série de variations pour saxophone alto sont parmi les travaux les plus anciens consacrés à ces deux instruments. Il a été séduit par les innovations d’Adolphe Sax. Son Manuel général de musique militaire (1848) comprend les premières illustrations des instruments de Sax. publie la première méthode de saxophone en 1846, chez Troupenas et Cie. Il est aussi le premier compositeur à employer le saxophone (basse, en ut) dans l’orchestre symphonique, pour son oratorio Le Dernier Roi de Juda, créé au Conservatoire de musique de Paris en 1844. Il est bientôt suivi par Meyerbeer, Massenet et Saint-Saëns. Lors des représentations de Tannhaüser à l’Opéra de Paris, Richard Wagner préconise l’emploi de saxophones à défaut de cors. Ambroise Thomas utilise le saxophone alto dans Hamlet (1898) aussi bien comme accompagnateur que comme soliste. Mais c’est pour le mélodrame d’Alphonse Daudet, L’Arlésienne (1872), que Georges Bizet écrit un des premiers grands solos pour saxophone alto, à partir duquel il compose plus tard deux suites symphoniques. C’est incontestablement l’œuvre pour saxophone la plus célèbre du XIXe siècle.
Rapidement, les harmonies et les fanfares militaires adoptent le saxophone qui donne une plénitude et une puissance de son et crée une homogénéité de timbresQualité particulière d’un son qui permet de le différencier des autres sons de même hauteur et de même intensité. entre les bois et les cuivres.
Au XIXe siècle, les quelque 300 « solos » sont composés pour saxophone et destinés à être joués au Jardin d’Hiver, salle Sax, rue Saint-Georges ou sous les kiosques à musique.
Il faut attendre le début du XXe siècle avec la Rhapsodie pour orchestre et saxophone de Claude Debussy (1903) et le Choral varié op. 55 de Vincent d’Indy (1903) pour que le saxophone trouve véritablement sa place au sein de l’orchestre symphonique. Un peu plus tard, Maurice Ravel dans le Boléro (1928) et Serge Prokofiev dans le Lieutenant Kijé (1934-1937) offrent des solos au saxophone ténor. Deux virtuoses accèdent à la notoriété : Marcel MuleVirtuose du saxophone, Marcel Mule rentre à la Musique de la garde républicaine, où il est soliste de 1923 à 1936. Il se produit accompagné d’un orchestre dans des tournées triomphales qui le mèneront jusqu’aux Etats-Unis. Il forme un célèbre quatuor. Le compositeur Alexandre Glazounov lui dédie son Quatuor de saxophones. Il est nommé professeur au Conservatoire de Paris en 1942, à l’ouverture de la classe, et forme ainsi des générations de saxophonistes. et Sigurd Rascher.Au début des années 30, à Berlin, Sigurd Rascher travaille le saxophone alto dans la classe du professeur Bumcke. Doué dans le suraigu, il réussit à étendre le registre du saxophone alto sur près de quatre octaves. Il mène une carrière internationale de soliste accompagné des meilleurs orchestres. Les plus grands compositeurs lui dédient des œuvres majeures, enrichissant le répertoire du saxophone (près de 50 concertos pour saxophone alto par Alexandre Glazonov, Paul Hindemith, Jacques Ibert, Lars Eric Larsson…).
Mais c’est le jazz qui révèle le saxophone au grand public et lui donne ses lettres de noblesse. Son timbre nuancé séduit les chanteurs de negro - spirituals qui s’en emparent : il est au cœur de cette nouvelle musique qui voit le jour à la Nouvelle Orléans (1920-1925). Dès lors, de grands saxophonistes ne cessent de ponctuer l’histoire du jazz : dans les années 30 et 40, Ben Webster, Coleman Hawkins (orchestre de Duke Ellington), Lester Young, Charlie Parker ; dans les années 50 et 60. Ornette Coleman, John Coltrane, Stan Getz, Pharoah Sanders, Sonny Rollins, et de nos jours, Michael Breker, Joe Lovano ou, en France, François Jeanneau, Julien Loureau...
De nombreux compositeurs du XXe siècle sont alors influencés par le jazz et l’intègrent dans leur orchestration : George Gershwin (Rhapsody in Blue, Porgy and Bess, Un américain à Paris en 1928...) ou encore Leonard Bernstein (West side story en 1957). Igor Stravinski compose Ebony Concerto (1945) pour l’orchestre de Woody Hermann.
Dans les stages de jazz, les « apprentis-saxophonistes » sont les plus nombreux, témoins du succès artistique et technologique de l’invention d’Adolphe Sax.