Au cours du XIXe siècle, le piano se transforme pour devenir un instrument de concert, toujours plus puissant, au service d’interprètes jouant une musique de plus en plus virtuose. Cet instrument, sur lequel Liszt donna une série de concerts en 1844, est particulièrement représentatif des pianos à queue créés pour sortir du cadre du salon privé.
Les années 1830-1850 constituent l’âge d’or de la facture de pianos en France : dans les années 1840, on dénombre plus de 150 facteurs de piano à Paris. D’année en année, le nombre d’ateliers croît et emploie un nombre impressionnant d’ouvriers. Dans cette profusion d’entreprises, les Maisons Érard et Pleyel dominent le marché, en France comme dans le monde. La rivalité des deux facteurs est d’autant mieux connue que Liszt et Chopin, portant respectivement leur dévolu sur la première et la seconde, incarnèrent cette opposition sur la scène.
Entre 1838 et 1848, Liszt donne des concerts dans l’Europe entière. Il ne manque aucune occasion de promouvoir les pianos de son ami Pierre Érard dont il juge qu’ils offrent aux pianistes les résonnances les plus abondantes et les plus variées
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La mécanique de ce piano est à double échappement. Elle correspond à celle que Pierre Érard mit au point après 1830, en modifiant la mécanique de 1821 inventée par son oncle Sébastien. Cette mécanique privilégie une grande puissance de frappe des marteaux sur les cordes tout en permettant une répétition rapide des notes jouées.