Il existe très peu de saxophones conçus selon le système rationnel intégral, mais ce modèle présente l’intérêt de n’avoir jamais été relégué au rang de prototype abandonné : il garde une aura non démentie dans le milieu des instrumentistes, bien que ceux-ci soient très peu nombreux à avoir pu le jouer.
Le système rationnel a été inventé en 1931 par Charles Houvenaghel, acousticien travaillant pour la maison Leblanc. Par l’ajout de tringles et de bascules, il permet d’actionner les 26 clefs (plus la clef d’octave) de façon indépendante, sans doigtés de fourche et autorise ainsi une plus grande vélocité dans l’exécution des passages chromatiques et des figures d’ornementations telles que trilles et trémolos.
Ce modèle, aboutissement de recherches menées avec des musiciens pour améliorer le système inventé par Adolphe Sax, a toujours suscité un vif intérêt de la part des instrumentistes. Pourtant, il n’a pas bénéficié d’une large diffusion car ses qualités ne pouvaient faire oublier un poids important dû à la mécanique plus complexe mais surtout à l’utilisation du maillechort, matériau durable, permettant une fabrication très précise mais d’une densité plus élevée que celle du laiton. Il était par ailleurs d’un réglage délicat et surtout imposait l’apprentissage d’un doigté particulier. Il a rapidement été remplacé par le modèle semi-rationnel, modifié uniquement dans l’aigu, d’un abord plus aisé mais moins cohérent que le modèle rationnel.