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Harpe diatonique
Epifanio Lopez
vers 1950
Asunción / Paraguay / Amérique / Amérique du Sud
E.2020.5.1
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Description
- Description
- La harpe paraguayenne présente une caisse de résonance (caja armonica) longue et mince réalisée à partir d'une planche de cèdre (Cedrela fissilis) taillée dans la longueur de manière à obtenir deux moitiés formant les côtés de l'instrument. De fines planches de cèdre sont collées aux côtés afin de former le fond. La base de la caisse, percée d'une ouïe circulaire, reçoit deux pieds qui permettent de maintenir l'instrument en équilibre lorsque celui-ci est en position de jeu. La table d'harmonie (tapa armonica), quant à elle, est constituée d'une quinzaine de fines bandes de pin (Pinus silvestris) collées horizontalement les unes aux autres. Elle est décorée d'une incrustation représentant un profil humain (indien ?) arborant une plume sur le front. Sur toute la longueur médiane de la table court une pièce en bois de cèdre, appelée l'escala, qui sert à fixer la partie inférieure des cordes. Celles-ci sont enroulées autour de boulons insérés à travers les trous réalisés dans l'escala. La console (cabeza ou consola) est fixée dans une mortaise au sommet de la caisse. Elle se compose de deux morceaux de cèdre plaqués de fines pièces de bois pouvant recevoir des motifs décoratifs. Une colonne cylindrique en cèdre relie la console à l'extrémité inférieure de la caisse.
- Dimensions
- Longueur totale 750 mm. Hauteur 1450 mm. Largeur 280 mm.
- Matériaux
- cèdre, pin, nylon.
- Acquisition
- Don - 27/11/2020
- Contexte
- Le Paraguay est l'un des Etats d'Amérique latine où la tradition de la harpe est la plus développée, au point que l'instrument constitue désormais un emblème de l'identité nationale. L'histoire de la arpa paraguaya, ainsi qu'elle est communément désignée, remonte à l'introduction de harpes diatoniques hispaniques par les missionnaires européens au XVIIe siècle, particulièrement actifs dans cette région d'Amérique du Sud. Malgré l'expulsion des jésuites en 1767, les populations indigènes (en particulier les Guarani), maintinrent l'usage et la fabrication de cet instrument, notamment à l'est du pays (Region oriental). A l'exception de quelques mentions qui documentent l'emploi de la harpe dans des contextes aussi bien sacrés que séculaires dans la région du Rio de la Plata, peu d'informations sont disponibles sur l'histoire de l'instrument aux XVIIIe et XIXe siècles. A cette époque, la harpe servait avant tout à accompagner la liturgie, mais il est probable qu'elle fût aussi jouée dans des contextes profanes. Entre la fin du XIXe siècle et les années 1950, le département de Guaira, au centre de la Region oriental, vit l'apparition d'un nombre important de facteurs et d'interprètes qui contribuèrent à inscrire l'instrument dans le répertoire musical traditionnel du Paraguay. On attribue à Epifanio Lopez (1912-2001) un rôle crucial dans l'évolution de la facture de la arpa paraguaya. Né à Cerrito, dans le département de Guaira, Epifanio Lopez s'installa à Asuncion, la capitale du pays, où il débuta sa carrière de facteur de harpes et de guitares. En 1949, à la demande du musicien Félix Pérez Cardozo (1908-1952), il ajouta quatre cordes dans le registre grave, faisant passer la harpe de trente-deux à trente-six cordes et permettant ainsi au musicien de pratiquer le bordoneado, une ligne mélodique descendante jouée avec le pouce gauche. En outre, Epifanio Lopez modifia le système d'accordage, faisant passer les cordes à travers le centre creux de la console et en les attachant à leur sommet à des chevilles. Cette modification permit d'ajuster précisément l'espacement entre chaque corde et de mieux équilibrer l'instrument. Plus tard, il y ajusta des mécaniques de guitares qui facilitèrent la tension des cordes en nylon. D'autres facteurs firent, par la suite, évoluer le prototype de Lopez, en accroissant encore le nombre de cordes ou en introduisant des leviers de demi-tons. Instrument longtemps associé au répertoire des musiciens itinérants (arperos) qui jouaient de la musique populaire dans les villages en échange d'argent et de nourriture, la harpe fut promue sur la scène nationale et internationale par Félix Pérez Cardozo qui, hors du Paraguay, donna de fréquents récitals en Argentine, au Chili ou en Uruguay. Harpiste virtuose, il contribua à diffuser de nouvelles techniques de jeu, tels que le bordoneado ou le trémolo paraguayo consistant en un mouvement rapide de l'index et du majeur de la main droite contre les cordes effectué en tierces parallèles. Luis Bordon (1926-2006) participa également à la reconnaissance de l'instrument à travers l'enregistrement de nombreux disques et à la diffusion de l'expression "harpe paraguayenne" à la place de "harpe indienne" (arpa india) ou "harpe créole" (arpa criolla). Bien que la harpe paraguayenne accompagne principalement le chant et les danses traditionnelles (polka paraguayenne, guarania, etc.) aux côtés de la guitare, l'instrument se prête aujourd'hui à des répertoires solistes. Valorisée à travers les programmes radiophoniques et télévisuels ainsi que de nombreux enregistrements, la pratique de la harpe paraguayenne est encore aujourd'hui largement répandue. Les festivals de musique traditionnelle organisés dans tout le pays contribuent à en faire une icône de la culture guarani et un élément important de l'identité nationale. Cette pièce, signée de l'un des plus célèbres facteurs paraguayens, permet d'apprécier la diffusion et l'adaptation du modèle baroque européen à travers l'Amérique latine.
- Localisation au Musée
- Non exposé.
Documentation
Livre(s)
Biographies
- FACTEUR
- Lopez, Epifanio (1912-2001)
- - Actif à
- Asunción - 20e siècle.